vendredi 28 janvier 2011

Ben, celle la aussi é va pas me rajeunir!

Ma réflexion sur la mort et l'acharnement à se maintenir en vie me file un sacré coup de vieux.
Alors je préfère vivre, quitte à en crever.
De quoi ferons-nous de tout ce temps à pomper la moëlle de nos enfants?


L'important n'est pas de me pourrir, mais de savoir disparaitre. Avis à mes contempteurs.



Le mort reconnaissant

C'était une famille unie,
Désirant accroître son bien.
J'étais, oui, l'auteur de leurs vies
Et possesseur de quelques biens.
Ils s'empressaient autour de moi
Et flairaient ma mort prochaine.
Je me sentais bien sous mon toit
Choyé, pour ma fin sereine.

A vouloir m'ouvrir le cercueil,
Ils mettaient tant et tant de soins,
Que pour leur faire bon accueil,
Je voulais donc ne mourir point.
Ils sont pourvus d'un immortel
A caser dans un quiet recoin,
Vieillissant, pris de gravelle,
Puant, crachant... Moribond ? Point !

Ils se dévouent tant à la tâche,
Entretenant ce corps si las,
Mais il fallait bien qu'ils le sachent,
Que vers la mort, je n'irais pas.
Je leur disais, un peu narquois,
Qu'après tant de nobles efforts,
Je désirais porter ma croix,
Entouré de leur réconfort.

Il en fut ainsi tant d'années,
Que de générations passées...
Que j'allais vers l'éternité.
La mort ne voulait plus m'aimer.
J'épuisais tant et tant d'enfants,
Que la jeune génération,
Travaille à l'âge de dix ans,
Pour pourvoir à ma condition.


Je louais la médecine
Qui me permît d'être en vie.
Elle traite mes urines.
Je lui dois de mourir d'envie.
J'ai assumé ma vengeance :
Maintenant que la vie m'ennuie,
Je voudrais que mon engeance
Me libère, m'offre la nuit.

Je ne peux plus, comme aux beaux jours,
Jouir des fleurs, du vent, de l’amour,
Caresser la chair ardente.
Je vis dans l'enfer de Dante.
Maintenant qu'ils sont trépassés,
Je peux enfin partir en paix.
Mes yeux veulent tant se fermer.
Je ne sens même plus mes pets.

J'aperçois une petite
Fille. Est-ce le délire ?
Qui prend ma main et soupire ;
Ses yeux sont de bleues pépites.
Tu m'entraine dans ta danse.
Comment se peut-il ? Oui ! Mais si,
Moi, qui n'a ni reins ni vessie,
Je sens que je suis en transe?

Voilà, je le sais, c'est elle !
Je la vois, ma mort si belle.
Je la veux, je crois en elle !
Ma vie n'est qu'une poubelle !
Quitter la terre des vivants,
Me parait meilleur en somme,
Qu'un éternel agonisant
Gisant dans la peau d'un homme.

Yvon Allain 2003

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